La Beaujoire été 2011. Discussion stratégique entre Franck Kita, directeur général, et Gilles Favard, directeur sportif.
Le FC Nantes vient de terminer troisième de Ligue 2, et remonte donc en L1, par ce qu’ils considèrent comme la grande porte. Après avoir accablé pendant 4 ans tout une terre de football, les technocrates doivent frapper un grand coup et redorer le blason d’un club qu’ils ont déjà défiguré par un énième plan marketing. Les supporters ne manifestent plus leur enthousiasme pour cette montée, car il est loin le temps du jeu nantais labellisé. Il apparait donc nécessaire de changer ce qui doit l’être et de refaire de Nantes une institution en ligue 1.
Franck invective donc son directeur sportif, présent à la Beaujoire pour constater les dégâts d’un nouvel envahissement de pelouse, car ainsi est faite la répartition des tâches au FCNA. « Putain mon con, va falloir changer tout ca, tout ce merdier là. De toi à moi, Gillou, le public on l’a bien enculé ces derniers temps, et bah figure toi qu’on est a court de vaseline. Alors j’ai beau n’en avoir plus qu’un, je m’en bats les reins, tu me trouve une solution pour changer tout ca. Le tout sans un rond s’il-vous-plait monsieur ! » Gilles Favard, trop exposé aux principes catalans, décide donc de faire d’une pierre deux coups ; réimplanter une nouvelle pelouse à la Beaujoire, et ramener le beaux jeu Nantais. Le tout en agrandissant les dimensions de la pelouse de Louis Fonteneau.
C’est là la pire décision prise eu égard aux amateurs de football.
Car mon lecteur, si tu regardes un peu les matchs du FCNA, ya comme un problème. Autant il n’est jamais bon de critiquer à tort une équipe qui a de modestes ambitions, et des statistiques parlant en sa faveur, autant là, faut bien se lâcher. Ce terrain, c’est de la merde. De la bouse, de la fiente, des fèces ou des excréments, peu importe le dénominatif, ca refoule sec.
Ce terrain là, pas besoin de s’y connaitre en football pour comprendre qu’il n’est pas adapté à cette équipe de Nantes et à la Ligue 1 en général. Les nantais, ils sont bien mignons, mais ils n’ont jamais eu l’effectif pour y jouer. Ca gagne par des coups francs de Cheyrou, des frappes lointaines de Le Tallec, et des contres successifs, et ça veut jouer comme le Barca… Comme le Barca… Mais Tixier quoi ! Bocanegra, Lesoimier Batles ou Monterrubio! C’est pas possible ! Et alors je te vois venir à dire que je tombe dans la facilité, mais je t’ai epargné le banc, Sasso, Vainqueur, ou Rodelin ! Et je leur en mets plein la tronche à Nantes, mais c’est aussi des Pitau, des Jeunechamp, des Camara, des Lejeune des Titi Buengo des Alonso des N’ganga, des Tabanou des Sako des Ebondo des Perrin, des Feghouli des Bourillon des Morel des Bagayoko, des Ramos des Boukari des Gomis des Bedimo Nsame, des Danic des Licka des Pujol ou des Pocognoli qui vont aller se casser la gueule sur cette absurdité. Le seul joueur capable d’y jouer à l’heure actuelle ce doit être Aboubakar, et il joue chez VA…
Tout cela mis à l’œuvre, ça donne des matchs édifiants, qu’on aurait seulement cru voir sur les terrains de football féminin. Les rencontres durent une éternité, et font chanceler jusqu’aux mascottes. Les observateurs y voient l’occasion de boucler leurs articles, checker leurs mails, et balancer les tweets hebdomadaires, pendant que les parents y envoient leur gosse en punition. Les équipes techniques sont amaigries, et les caméramans tournent en 15 images/secondes, amplement suffisant selon Amsellem.
Mais quelle mouche a donc piqué les dirigeants nantais, sachant que le seul joueur potentiellement viable pour ces largeurs qu’ils aient eu doit être Oliech et ses origines Kenyanes ? On pourra difficilement répondre à cette question, au même titre qu’on pourra difficilement trouver une équipe qui puisse parcourir le terrain de Nantes avec une aisance technique et une amovibilité gracieuse. Non, ce terrain là, on y trouvera que de la sueur, du sang, et des larmes, des soupirs, des râles et quelques gueulantes, de la peine, du manque et des abandons. Le football se joue à 11 contre 11, et à la fin ce sont les allemands qui gagnent dit-on trop souvent. A Nantes il s’y joue sur une verdure immense, et c’est le public qui y perd.
Au final, ami lecteur, tu auras remarqué les nombreuses longueurs de cet article ; c’est pour mieux t’immerger dans cette folie des grandeurs aux lenteurs indigestes. Folles ambitions, morne spectacle…